Le couple de colons, à l’origine des Vigneau de l’Acadie, s’installe dans la colonie de Québec et une branche, sur les deux qu’il génère, ira vivre en Acadie. L’ancêtre est Paul Vigneau. — La graphie n’a pas d’importance, avant le xxe siècle, car il n’y a ni « école obligatoire », ni « téléphonie », donc pas d’annuaires téléphoniques « normalisant » les noms, encore moins une quelconque notion de « faute d’orthographe », ni vénielle ni mortelle! — Il est dit « Laverdure » : sa seule désignation et le seul de ce surnom dans sa compagnie militaire. Il est originaire de Saint-Cybard (évêché de Poitiers), né vers 1641 de Jean Vignot ou Vigneau et de Renée […]. Parti de La Rochelle le 13 mai 1665, sur le navire La Paix, il arrive à Québec (ville), en Nouvelle-France, le 19 août 1665, comme soldat de la compagnie de Maximy au régiment de Carignan12, envoyé par le jeune roi Louis XIV, pour enfin soumettre les Iroquois, principalement les Agniers.
Le navire « La Paix » (transportant les compagnies de La Colonelle, Contrecoeur, Maximy, et de Sorel), sous la gouverne du capitaine Étienne Guillon Sieur de Laubertière, accompagne le navire « L’Aigle d’Or », qui (transportant les compagnies de Grandfontaine, La Fredière, La Motte, et de Salières) est « vieux et décrépit » vaisseau du roi, dont le capitaine est le Sieur de Villepars. La traversée, hasardeuse, prend ainsi 99 jours (du 13 mai au 19 août), soit presque deux fois plus de temps que pour les autres navires de la saison, cette année-là. Le navire La Paix repart de Québec le 19 septembre, mais fera naufrage près de Matane. Ses passagers seront recueillis par Le Saint-Sébastien12.
Quatre ans après son arrivée, l’ex-soldat Paul Vigneau, ayant bâti maison (une chaumière) sur l’Île d’Orléans, paroisse Sainte-Famille, en face de Château-Richer sur la Côte de Beaupré, y épouse, le 3 novembre 1669, Françoise Bourgeois (fille de feu Antoine Bourgeois et de Marie Piedmont, de Paris, paroisse Saint-Paul), une « fille du roi »13, née vers 1646. Ce couple fondateur aura 12 enfants sur une période de 20 ans, dont seulement 2 garçons (Maurice et Antoine) atteignent l’âge adulte et se marient14. Des deux frères, le puîné est à l’origine d’une des nombreuses souches québécoises non apparentées de Vigneau, et c’est l’aîné, Maurice Vigneau (né à l’hiver 1674), devenu charpentier, qui est à l’origine de la seule souche de Vigneau en Acadie, y épousant Marguerite Comeau vers 1701. Ce couple aura 11 enfants en 25 ans, dont les 9 premiers sont nés à Port-Royal. Cinq de leurs fils se marient : Jacques, Jean, Joseph, Jean-Baptiste et Simon. Ce sont eux, leur épouse et leurs enfants, qui subissent la Déportation de 1755. Jacques est recensé près de Boston (à Leicester) en 1757, puis à Miquelon en 1767, où il meurt en 1772, à 69 ans. Joseph, recensé à Miquelon en 1767 et 1776, est à La Rochelle en 1778, puis à Miquelon en 1784, où il meurt vers 1792, à près de 80 ans. Jean-Baptiste, lui, se retrouve près de Boston en 1763, à Miquelon en 1767, où il meurt à tout juste 51 ans14,7. Les Vigneault de la Côte Nord seraient issus de Jean Vigneault, dit l’écrivain, fils de ce Jacques et de Marguerite Arsenault, et de Marie Bourgeois, qu’il avait épousée à Beaubassin le 26 janvier 1755, année du « Grand dérangement »11. Son fils Étienne épousera, à La Rochelle, l’Acadienne Louise Cyr, vingt-six ans après, et leurs enfants et petits-enfants convoleront à Havre-Aubert (aux Îles-de-la-Madeleine), avant l’essaimage à Natashquan et Sept-Iles.